Sous le soleil de mes cheveux blonds By Agathe Ruga

J’ai su dès la première page que ce livre m’embarquerait jusqu’au point final.

La plume à fleur d’âme d’Agathe est enivrante. Ce livre est un bijou.

L’histoire vous la connaissez ? « L’une est blonde, secrète et bourgeoise. Au lycée, on la surnomme Brigitte. L’autre, extravertie et instable, répond au nom de Brune. (…) Ensemble, elles se le promettent, elles pourront tout vivre. Traversant les années folles de la jeunesse, elles découvrent la joie d’aimer, de danser, de rire et de boire jusqu’au petit matin en rêvant à leurs destins de femmes. Mais un étrange jour d’été, tout s’arrête brusquement. Sans donner aucune explication, Brigitte rompt leur amitié et disparaît. »

On assiste à la construction de cette amitié entre filles, qu’on reconnait bien, celle dans laquelle on s’investit corps et âme sans aucune réserve ni méfiance. On note les signes qui auraient dû alerter. Une première trahison en est un fort non ? Et pourtant, Brune s’accroche. Brigitte est son âme sœur. Brune se fie à ses jugements et est dépendante d’elle et de ses humeurs. Elles ont tellement de souvenirs en commun qu’elles semblent unies au–delà de tout. Pourtant, parfois, l’amitié nous lie autant qu’elle nous détruit. Alors, on se met des œillères jusqu’à l’estocade finale qui nous achève.

On ne devrait jamais avoir à divorcer d’une amie et à apprendre à vivre avec des souvenirs et des interrogations qui reviennent nous hanter à certaines périodes de notre vie et pourtant…

« Tu es partout. Tu fais un bruit épouvantable. Tu es pire qu’une rupture mal digérée, ton absence prend toute la place. Parfois j’imagine que tu meures, et je suis prise d’une angoisse insurmontable, car je comprends que le manque s’éprouvera encore après ton décès. Je dois faire le deuil de toi vivante. L’absence est pire que la mort, rien n’arrête le sentiment d’absence, on est condamné à vivre avec tous ces absents qui demeurent quelque part et sans nous. Et quand bien même ils tenteraient de revenir dans nos vies, leur réapparition ne changerait rien. Ils ont été absents, ils seront toujours absents, ils ont créé un immense vide, impossible à combler. Il n’y pas d’issue. Les absents sont des trous dans nos cœurs. »

Ce livre est aussi (et surtout ?) une ode à la fougue de la jeunesse, à la passion, à la fureur de vivre et à la volonté de ne pas se réveiller un beau jour dans le confort d’une vie dans laquelle la flamme intérieure aurait été consumée, quitte à se brûler les ailes.

Dans ce livre Agathe, tu écris « Aujourd’hui, j’écris encore très souvent des lettres de rupture avec certaines personnes, mais je ne les envoie plus ; j’ai compris que la libération réside dans l’écriture et non dans l’envoi ».
Je ne sais pas si Brigitte existe et si elle a reçu ce livre de rupture, mais en tout cas, tu as bien fait de l’envoyer à ton éditrice. Merci pour ta plume sincère, et à la fois pudique, qui nous bouleverse.

Vous pourriez aussi aimer...

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *